Ma photo
Ancien blog datant de l'époque où je travaillais comme assistant caméra et électricien pour le cinéma, le théâtre et la télévision.

jeudi 17 juin 2010

NEK - 9-14 juin 2010




NEK
Réalisé par Françoise Ellong
Écrit par Françoise Ellong et David Lucchini
Avec Stéphen Scardicchio, Jacques Pratoussy, François Leroux, Bruno Henry, Nancy Marie-Claire, Elorah Laillet, Yoan Benbedra, Pascal Retailleau, Christophe Chene
Directeur photo : Thomas Moren
Poste occupé : chef électro
Tourné avec un Canon EOS 5D Mark II
Tournage du 9 au 14 juin 2010.


NEK raconte l'histoire d'un prisonnier et de sa confession à un prêtre, quelques heures avant son exécution. Il a fait des choses horribles, qu'il ne peut se pardonner, et qui le hantent à travers les yeux bleus coloriés à la main de Donny, un petit ours en peluche...



     Il y a des tournages maudits, celui de NEK l'aura été. Il y a des tournages géniaux, celui de NEK l'aura été. Difficile de savoir ce qu'il vaut mieux retenir. Délaisser le côté malédiction du tournage serait passer à côté d'une grande partie de ce qui l'a rendu inoubliable. Toujours est-il que ce tournage nous aura beaucoup appris à nous sortir de galères de toutes sortes, qu'il aura été plus qu'agréable grâce à une superbe équipe, et que le résultat donne toutes ses chances au film.

     De base prévu du 15 au 18 avril, c'est après de nombreux décalages que le tournage est fixé du 10 au 13 juin. Tout le matos est trouvé, récupéré tant bien que mal : bijoute électro le 8 au soir (énorme merci à Sylvain Verdet), matos lumière et cam le 9 ; on est prêt à partir. Entre temps, on aura eu un braquage de voiture et 4h au commissariat pour l'équipe image, mais passons. Je passerai aussi sur le chargement des voitures -folklo- pour parler de notre arrivée à Serrières. Après 9h de route pour descendre en Ardèche par les nationales, c'est (pour les premiers) vers 1h qu'on arrive dans l'énorme propriété de Michel Meunier. Génialement accueillis par Michel, -qui malgré l'heure tardive avait un stock de bonne humeur, de gentillesse et de générosité inépuisable, qu'il conservera d'ailleurs sans flancher jusqu'à la fin du tournage-, c'est avec joie qu'on découvre l'immense maison où on sera logés pendant une petite semaine. Une fois toute le monde à peu près installé, on essaie de dormir un peu pour être relativement d'attaque... une ou deux heures après !

LE TOURNAGE
Jeudi matin, 8h. Il fait beau, musique à fond sur les petites routes de montagne, tout va pour le mieux. Mais ça, c'était avant le drame. Et le drame, c'était le lieu où se trouvait le décor. Pour faire simple : les feuilles de décor étaient placées dans un coin d'une ancienne usine de manufacture, dont les énormes fenêtres et autres baies vitrées au plafond étaient destinées à produire un forte luminosité constante pendant toute la journée. Et nous on devait faire des intérieurs nuits. La joie, quoi.
 
Mais comme on est des warriors, juste après les quelques minutes d'ébahissement, on s'est posé pour réfléchir à des solutions. Le tournage de nuit étant impossible, on a décidé de trouver un moyen de créer un espace le plus obscur possible dans lequel on pouvait travailler notre lumière. C'est là que Michaël, le chef de travaux de la rénovation/transformation de l'usine en salle des fêtes, entre en jeu pour nous sauver la mise ! A l'aide de ses clous, ses bâches, ses étaies et son savoir-faire, on a réussi à se faire un cage plus ou moins étanche, pour pouvoir bosser convenablement.


Jeudi 10 et vendredi 11 juin
Pour les deux premiers jours, on était dans un seul décor, celui de la cellule de Manfred, le prisonnier joué par Stéphen. L'équipe déco d'Alexandra Innocent avait en très peu de temps aménagé un petit espace bien rendu, aux murs travaillés et oppressants, avec une couchette en face de l'axe principal de la cam, à sa gauche une porte qui n'apparait quasi jamais, dans le champ et à droite une petite lucarne. Notre but était de créer une atmosphère brute et jaunâtre, provenant d'une ampoule à nu hors-champ. En plus de ça, un effet de lune à travers la lucarne faisait apparaître une tache lumineuse au sol.
Pour l'ambiance principale, on a accroché deux fresnels 300W au bout d'un bras de déport au-dessus de la couchette, le bras étant fixé sur une grande barre posée par Michaël. Un orienté vers la gauche, l'autre vers la droite ; le tout donnant un zone éclairée par le haut avec des ombres bien marquées comme on les aime. Pour avoir un certain niveau général, un fresnel 1kW en réflexion sur le plafond/mur est placé, ce qui permet de déterrer un peu le sol et les murs qui ne sont pas directement touchés par "l'ampoule", tout en conservant l'effet de celle-ci. Pour l'effet de la lucarne, on met un autre fresnel 1kW et une manda bleutés dehors, qui tapent à travers le fenêtre. On les oriente bien, et l'effet est prêt.
Voilà, pas très compliqué. Mais ça marche vraiment bien. La plupart des plans ont été tournés comme ça, avec parfois un réflo dans un coin pour relever une face, ou un petit 150W diffusé pour renforcer un effet.

Samedi 12 juin
Pour les derniers plans tournés dans la cellule, on a changé d'ambiance, et donc d'install. On l'a joué plus froid, plus bleu, comme si toute la lumière venait de la lune à travers la lucarne. Pour ne pas gâcher le peu de puissance qu'on avait, on a décidé de truquer la balance de la cam. On a donc renforcé l'effet extérieur en balançant un deuxième 1kW fresnel, et même un 650W, en enlevant les ctb. A l'intérieur, un kino (4T120) en tubes 3200 dirigé vers le mur et un autre (idem) vers les personnages, ainsi qu'un fresnel 300W pour déboucher le coin de la pièce ; le tout sur la barre en hauteur.

On pouvait maintenant passer au second décor, celui des flash-backs de Manfred. Encore une fois, avant de pouvoir travailler notre lumière, il a fallu s'occuper d'obscuriser le décor. Un rouleau de film plastique opaque, et le tour était joué (ça paraît facile, comme ça, certes). Et puis après, on s'est rendu compte que le décor ne correspondait pas vraiment à l'idée qu'on s'en faisait. Et comme on est perfectionnistes, on a décidé de patiner un peu les murs et le sol à coups de jets de terre, d'eau, de gadoue... Au final, le décor était encore plus convainquant.
Niveau lumière, on a pas mal réfléchi avec Thomas à notre source de lumière. Le lieu était censé se trouver dans un espace non éclairé, ou juste à la bougie, et on voulait trouver une manière d'éclairer laisant penser à un lieu obscur tout en permettant de bien voir les personnages. On a trouvé une porte avec un grand carreau sale, qu'on a mis au fond du décor, et qu'on a cloué avec des planches pour jouer la porte condamnée. De l'autre côté des feuilles de décor, deux 1kW fresnel tapaient dans un cadre de diff, le tout dirigé vers la fenêtre, avec un peu d'angle pour obtenir une zone de lumière au sol. Sur un des murs, au dessus du bureau, on a placé une lampe à pétrole. Son effet était recréé par un fresnel 300W (avec un 1/4 CTS pour la teinte orangée de la flamme) tapant dans le coin du mur où allait se trouver 3 personnages et une bonne partie de l'action ; et aussi un 150W (diff + 1/4 CTS) vers le bas pour rehausser le bureau. Une autre direction de lumière, beaucoup plus légère, provenait d'un kino (4T120) en 3200 derrière la cam, un peu ouvert sur le mur pour donner quelques ombres très diffuses sur les murs. Encore une fois, un réflo par-ci par-là pour éclairer un regard ou sauver une face, et on était bons.
Cette ambiance marche elle aussi très bien, grâce au décor, aux textures des murs et du sol (humidification powa) qui prenaient bien la lumière, de même que la peau des comédiens !

Dimanche 13 juin
Pour cette dernière journée de tournage, on était sur le même décor que la veille, donc peu d'install le matin. On avait juste à s'occuper d'éclairer la pièce adjacente, sur laquelle une porte s'ouvrait. On a placé simplement un kino (4T120) en 3200, avec un 1/4 de green pour une teinte verdâtre. Le sol de cette pièce étant en terre sèche, le résultat à l'image est un peu crado, et c'est ce qu'on voulait. Réflo toujours d'actualité, et on a enchaîné les plans jusqu'au dernier !

Ensuite il a fallu tout casser, tout trier, tout ranger... Merci à tout le monde pour les coups de mains, on a été super efficaces finalement.


     En conclusion, au risque de me répéter, je dirais que ce fut un superbe tournage. J'ai personnellement appris beaucoup de choses, et je suis fier du résultat obtenu et de la manière dont on a réussi à trouver des solutions à tous nos problèmes. Et puis ce tournage, c'était aussi des acteurs époustouflants, qui ont supporté aussi bien que nous les galères et qui nous ont épatés par leur talent. Parce que de belles images, c'est bien, mais avec des personnages aussi bien interprétés, c'est encore mieux ! Une réal, Franny, qui sait ce qu'elle veut, qui ira loin, et avec qui j'espère bien être amené à travailler de nouveau. Une équipe image de tueurs : Tom au cadre et à la lumière, Arthur Schwarz qui a assuré comme une bête au point (et merci pour les coups de mains pendant les installs), et Violette Echazarreta (aka la manda humaine) comme électro, c'était le pied ! Sans oublier une régie au taquet, des décors collant totalement à l'atmosphère du film, et tous les autres qui ont assuré. Et Michel au making-off et à l'accueil royal, MERCI.

Nek, un film qu'il va déchirer.

A quand la suite ?

Quelques photos prises par Pascal Retailleau et Arthur Laloux sont à voir ici.

2 commentaires:

  1. Un trés bel article mister!!
    Vraiment impatient de voir le résultat final de nos effort et je reste persuadé qu'il sera à la hauteur du point d'honneur que nous avons tous mis pour faire de NEK un film qui marquera le milieu du court métrage...
    Encore bravo pour ton taf également mec ;)
    Stéphen

    RépondreSupprimer
  2. Très bel article!

    Merci de m'avoir suivi dans cette folie semée d'embûches! Mais vous avez tous été géniaux dans vos rôles. J'ai rarement vu une équipe comme celle-là, un casting comme celui-là et une ambiance comme celle-là!

    Merci à tous, particulièrement à Michel (rebaptisé Michmich par Violette) pour son accueil!! L'aventure ne fait cependant que commencer...

    Frannie

    RépondreSupprimer