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Ancien blog datant de l'époque où je travaillais comme assistant caméra et électricien pour le cinéma, le théâtre et la télévision.

lundi 15 mars 2010

Au bord du monde - 25-26-27 fév

Suite du tournage de ce court-métrage commencé ici.


Jeudi 25 février
De retour à Neuvy-sur-Barangeon, pour retrouver une équipe de tournage quelque peu dévastée par une petite épidémie de gastro... Je suis prévu en renfort pour ce jeudi et le samedi, mais Nico m'annonce direct que je bosserai avec eux aussi le vendredi, vu le boulot prévu, ce qui m'enchante puisque c'est la fameuse scène de la voiture qui brûle, à laquelle j'avais bien envie de participer !

Mais pour la journée, on tourne à Theillay, à vingt minutes en camion de Neuvy. Pour trouver, c'est pas dur : c'est tout droit (comme toutes les routes de la région, il semblerait). Tournage dans et autour d'une maison, dans un quartier encore en construction, d'où une terre plutôt gadouilleuse... Derrière la maison se trouve un espace de simili-forêt, avec des petits arbres traîtres de nuit et un sol pour le moins chaotique. On commence par aller installer avec l'aide d'Alex un HMI 6kW sur pratos à l'autre bout de cette pampa pendant qu'est tournée une scène sans lumière ajoutée. Une cinquantaine de mètres de ligne mono plus loin, et une gamelle à 5m du sol, on est bon pour l'effet lune souhaité par Julien. Let's shoot. Mais c'était sans compter sur les caprices de la RED, qui ne souhaite plus s'allumer. Coup de stress, ni Ronan ni Julien ne comprend, ça commence à parler de réinstallation du soft...

Pause repas un peu forcée, même si on en était pas loin. On apprend par la suite que c'est mort niveau RED pour ce soir. Une nouvelle arrivera le lendemain matin, mais la question du tournage des scènes prévues pour le reste de la soirée reste entière. Il est décidé de tourner les scènes d'intérieur avec le Canon 7D de Bruno le cuistot, pour voir ce qu'il peut en être tiré en post-prod.
De retour sur le décor, je pars avec Gwen et Alex casser le 6kW, pendant que Nico voit avec Julien quelles sources il veut dans le salon. La scène est celle du meurtre de Joël à la fin de la fête chez Cathy. Un ballet d'effets spéciaux prévus donc, puisqu'en plus du tesson de bouteille enfoncé dans le cou de Joël, il y a aussi le dos de Patrick qui fume. Pour adapter la lumière à la sensibilité du 7D, on tente plusieurs configs (avec une luciole 1kW, un 650W en contre sur une barre au plafond...), et finalement n'est gardé que le strob (passons sur les problèmes qu'on a eu avec ce fameux strob...). Après une heure de tentatives infructueuses, la fin de journée est annoncé en avance.
On conservera de la soirée un bon mal de crâne dû au strob, et l'attente des re-takes à venir.

Vendredi 26 février
Je profite de l'arrivée de la nouvelle cam pour m'incruster auprès de Ronan qui doit faire ses essais. Bien sympa, il m'explique tout ce qu'il fait, me montre un peu les différents menus de la RED (mais même lui doit parfois se référer à la fiche technique détaillant le labyrinthe de ces menus très vastes), on teste les optiques etc.

Après quoi on file direction l'étang, pour prélighter la scène de la voiture qui brûle prévue en fin de soirée (vers minuit). Pendant que l'équipe des effets spéciaux feu équipe l'épave de la voiture (couchée sur le côté droit à 2m de l'étang), on commence à tirer de la ligne en partant du groupe électrogène. On place un 6kW sur wind-up à une cinquantaine de mètres de l'épave, pour un effet lune frisant sur les arbres. En plus de ça, un 2,5kW est là pour révéler légèrement l'arche du petit tunnel.
Après la pause repas, l'équipe se prépare à tourner les plans de voiture (d'abord en accroche-capot tourné vers la route, puis embarqué à l'arrière). Les ampoules des phares ont été changées, et une couche de gélate jaune a été ajoutée. Pour l'intérieur, un convertisseur 12/220V est branché sur la batterie de la voiture, afin d'alimenter deux miniflos (un pour le conducteur, un pour le passager). Au dernier moment, Julien ajoutera un litepanel mini sur batterie.

Une fois tous ces plans tournés, on retourne à l'étang, avec un petit peu de retard. Entre temps les pompiers sont arrivés, pour prévenir tout risque d'incendie. On commence par des plans rapprochés de Patrick dans la voiture, avec une rampe de feu entre la cam et la voiture pour simuler l'incendie. Pour ça on rajoute le Gaffair avec une mama à la face. Après ça, des plans avec Cathy au sol près de la voiture. On passe ensuite de l'autre côté de l'étang pour des plans larges de la voiture qui brûle. Le contraste entre la lumière chaude des flammes et le bleu des HMI est frappant, l'image générale est assez impressionnante. L'incendie est géré par Julien des SFX, qui guide par talky ses assistants qui envoient plus ou moins de gaz dans chaque espace relié aux bonbonnes. Une fois tous les plans sur disque-dur, les pompiers éteignent le feu, et on commence à casser.

Samedi 27 février
Est prévue la séquence de fête chez Cathy, avec une vingtaine de figurants. Etant donné que la tempête Xynthia est annoncée pour la fin de soirée, on s'arrange avec Jules (1er assistant réa) pour avoir tourné les plans d'extérieur avant la pause repas du soir. On réinstalle donc le 6kW sur pratos comme le jeudi, pendant que sont tournés des plans d'explosion de WC à coup de club de golf (éclairés à la luciole nano). Après le plan où les figurants sortent de la maison un peu bourrés, on passe aux plans où Cathy sort et vomit son dégoût d'avoir tué Joël, avant d'être emmené par Patrick vers la forêt. Julien filme d'abord à l'épaule, pour suivre les personnages jusqu'à la lisière ; Nico suit avec le Gaffair. Pour finir, un plan de face, avec le niveau sur Cathy relevé par un poly.

Pause repas. On revient en intérieur, pour la party. Il manque juste Julien, qui vient d'apprendre que le court-métrage C'est gratuit pour les filles (de Claire Burger et Marie Amachoukeli), sur lequel il était dir phot, vient de remporter le César du meilleur court-métrage.
Bref, les plans sont tous éclairés avec la luciole 1kW et la nano, et un dédo pour certains. Pour deux plans où on voit l'extérieur, on utilise le Gaffair pour rappeler l'effet lune.

Fin de journée, on range un peu le camion avant de partir. Nico explose une ampoule sur un cône, on fait péter deux fusées de détresse, et on décolle. Après une petite douche, direction la soirée de fin de tournage, alors que le vent commence à bien se lever.

Dimanche 28 février
Rentrés vers 6h30 du mat', on est pas prêt à partir avant... tard. La tempête a coupé électricité, réseau, circulation des trains... Nous on rentre en camion, après être passé grignoter au gîte et dit au revoir à l'équipe. La route vers Paris est parsemée de pins couchés sur la route, et Nico peine parfois à maintenir le camion debout sous les rafales de vent.
Lundi matin, rendu du matos. Je me suis senti obligé de refaire le coup des clés du camion, mais à Alex, cette fois-ci. Maintenant, Renan m'appelle le Klepto. Je le mérite.

Bref, trois jours de renfort bien sympathiques et enrichissants. Merci à tout le monde.
Les quelques photos que j'ai pu faire dans la nuit du 26 sont visibles ici.

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