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Ancien blog datant de l'époque où je travaillais comme assistant caméra et électricien pour le cinéma, le théâtre et la télévision.

lundi 8 novembre 2010

From Her To Eternity - 27 oct. - 1er nov. 2010

From Her To Eternity
Écrit et réalisé par Reiko Kondo
Avec Ayumi Ito, Charles Quéméré, Yosuke Tsuchiya
Directeur photo : Wesley Mrozinksi
Chef électro : Benjamin Tessier
Poste occupé : électro
Tourné en Red
Tournage du 27 oct. au 1er nov. 2010.


Jeudi 28 octobre
     Le rendez-vous à 8h devant le Jardin du Luxembourg pique légèrement les yeux. Je retrouve Wesley et Benjamin (Fatras, steadycamer), les seuls membres de l'équipe que je connais déjà, avant de rejoindre le camion. J'y trouve Ben et Jo, la pure team électro, de qui j'allais devenir compagnon de galères. Le camion est plein à ras bord, de projos, de bijoute électro, de caisses cam, mais aussi d'une planche à repasser, de clubs de golf, de chips, et d'un groupe électrogène de 400 kg. Tout le monde squatte le 15 m³, tout le monde se bouscule ; ça s'annonce funky.
     8h30, la cam se monte tranquillement sur le trottoir, juste à côté d'un abris-bus. Pas grand chose de prévu côté lumière, on va jouer lumière naturelle, avec éventuellement du réflo ou le joker 400W sur batterie pour relever les faces. J'en profite pour faire connaissance avec le matos, et réorganiser un peu mieux le camion avec Jo, pendant que les autres vont tourner. "Si les flics se pointent, vous êtes des touristes." Euh, d'accord. Loredana, assistante réa, nous explique qu'on est sensés être en équipe réduite, donc il faut faire comme si on passait par là si on nous demande. Très bien, ça me va.
     Après avoir empêché les pauvres balayeurs de nettoyer devant la grille du Jardin, on change d'endroit pour shooter des plans où les deux personnages marchent le long d'une grille. Un poly porté à deux à bout de bras pour couper les réflexions du soleil sur la façade en face, et le joker sur perche pour déboucher le regard d'Ayumi, le tout en suivi arrière... heureusement qu'on était trois ! Ayumi me fait rêver en m'offrant une petite démo de Tifa (personnage de Final Fantasy VII dont elle est la doublure vocale japonaise), et on est prêt à changer de décor.
     Quelques plans dans une ruelle qui sent fortement l'urine (pour ne pas dire la pisse), et on est reparti. Direction le 16e pour tourner dans un appart très classieux, auquel on accède par une porte avec un code, un escalier, une autre porte avec un code, encore une porte avec un code, puis un ascenseur dont la porte se ferme automatiquement au bout de 5 secondes. Très pratique pour monter le matos. On place les deux jokers (200 et 400) sur les balcons pour reprendre l'effet du soleil, ainsi que des kinos pour l'ambiance à l'intérieur, et une petite pince-bol pour l'effet de la lampe. On tourne tous les plans comme ça, avec quelques ajustements selon l'axe, en essayant de ne pas se faire battre par le soleil qui tombe assez rapidement. Fin de la première journée, on casse et on redescend tant bien que mal le matos. Un deuxième utilitaire est arrivé, on y transvase le matos son, la déco et la régie. Cassez-vous de notre camion !

Vendredi 29 octobre
     Le parc des Buttes-Chaumont vous connaissez ? Oui, c'est joli. Et c'est aussi très pentu par endroits. Bon bah nous on a tourné là où ça l'est le plus. Au moins on n'a pas eu à sortir le groupe électrogène et à le balader dans les allées. On monte au belvédère le joker 400, des cadres, des réflos, des pieds, des drapeaux... histoire d'avoir sous la main de quoi travailler un peu le soleil. On commence par monter le 2x2 avec une matt-flector, et un réflo dur sur lyre, le tout dirigé vers Ayumi assise sur un banc. Pour les premiers plans, on joue avec ça, qu'on déplace au fur et à mesure pour suivre le soleil. On allume le 400 en contre, pour les plans plus serrés. Mais ça c'était avant le drame : avec l'heure qui passe, les nuages commencent à nous bouffer le soleil, et on y finit par ne plus avoir grand chose à renvoyer. Pas le temps d'amener le groupe, on continue comme ça. On finira à trois devant un arbre à porter quatre réflos qui renvoient le peu de soleil qui filtre à travers les nuages et les feuilles. Y en a qui auraient mis des 18 kW partout, bah nous on a l'a joué ÉCOLO, oui monsieur !
     
     Nouvel appartement pour l'après-midi. Près de la rue Mouffetard, un petit studio au quatrième étage sans ascenseur. Le joker dans le couloir pour silhouetter Charles, un kino et une pince-bol pour l'ambiance de la pièce, et on est bon. Ah, non, c'est vrai, on fait exploser l'ampoule de l'abat-jour en l'entourant de spoon, histoire de dire qu'on n'est pas des bourrins. Un petit changement de douille et de lampe plus tard, on est prêt à enchaîner les prises de ce plan au stead. On shoote ensuite un plan dans l'escalier, avec juste le 400 en réflexion sur le plafond, puis un plan sur le lit avec le 400 orangé qui reprend l'effet de la lampe (on l'aime beaucoup, ce 400), et enfin un plan en plongée vers la rue ; et on remballe.

Samedi 30 octobre
     Montreuil, studio de Animals Prod, où Corentin a recréé le décor d'une exposition d'oeuvres. Là on a sorti de la light. Les deux alpha 4kW, les deux jokers, et les deux kino en daylight. On monte un alpha sur une accroche sur la structure métallique qui supporte le plafond, et on le fait jouer sans lentille pour bien arroser tout le décor. L'autre est sur pied et tape dans une toile de 1/2 spi. Les kino tapent sur un des murs pour les renforcer, mais on les sent à peine tellement les 4kW arrosent. S'ajoutent à ça les deux jokers, jouant chacun en contre pour les comédiens. On joue comme ça pour les premiers plans, en essayant d'éviter les fausses teintes. Un petit réflo tenu à la main pour les gros plans sur le canapé, le 200 pour le lançage de pelote, et c'est déjà la pause déjeuner. La régie nous fait la surprise d'avoir commandé des pizzas pour compléter les bentô, oh yeah !

     On reprend avec un champ-contrechamp des deux personnages qui visitent chacun de leur côté l'exposition. On éclaire les deux plans de façon symétrique, avec un 4kW de profil, et l'autre toujours à travers la toile pour relever une face. On remonte le 4kW sur son accroche pour la petite séquence autour de la gardienne qui dort sur sa chaise, et on descend les kino pour les faire jouer en face au sol. On a tout ce qu'il faut, fin de journée. Après la remballe, Loredana m'explique une dizaine de fois la raison du pourquoi de l'horaire du lendemain avec le changement d'heure, jusqu'à ce que ça soit à peu près clair dans ma tête. Dixit la feuille de service : "A 3h du mat', il ne sera que 2h. Mais évidemment, nous on se cale au soleil, donc on se décale aussi." Du coup 7h sur place, nouvelle heure, ce qui revient à 8h de l'ancienne heure, et donc on dort autant, parce que l'heure se décale, et donc c'est pareil, parce que... Ouais, bon, moi j'ai résolu le problème en allant passer la nuit au ciné voir entre autres Machete en avant-première : si je me couche pas, j'ai pas à me lever, et je me plante pas dans l'horaire. CQFD.


Dimanche 31 octobre
     Bon bah ça aura pas loupé, y a pas grand monde à 7h sur le décor. Moi j'y suis, avec ma tête de zombie qui n'a pas dormi. C'est pour Halloween. On tourne quelques plans sur la place Dauphine. On n'aura jamais été autant en règle que ce matin-là : on n'était pas sur place à l'heure prévue et autorisée, on tournait sur le trottoir à l'opposé de celui où on avait le droit, et on bloquait une rue avec le camion sans en avoir le droit. Quelques maniements de 400 et de floppy plus tard, on se dirige vers le parc Montsouris.
     En attendant que l'emplacement exact du tournage soit trouvé (oh ben dans un grand parc comme ça, ça va être vite fait), on sort le groupe électrogène du camion. Enfin, en fait, on sort presque TOUT du camion, pour pouvoir sortir le groupe. Le décor est trouvé, on amène le groupe, qu'on met en stand-by pour le moment, ainsi que des pieds, des réflos et le 2x2. Les deux personnages pique-niquent dans le parc ; on utilise la matt-flector et le réflo dur pour renvoyer sur la face, le soleil étant quasi en contre. On passe la fin de la matinée (disons jusqu'à 14h) à se battre avec les fausses-teintes, ces enfoirés de nuages changeant toutes les deux minutes de forme à cause du vent.
     Après la pause déj, on déplace la nappe pour se remettre dans le soleil. On ajoute au réflo le petit 400 sur batterie en contre. Le soleil est bien voilé, ça devient galère. Le dernier plan est au stead, Benj tourne autour du couple. Wesley veut renforcer les regards, donc je précède Benj avec un réflo, ce qui marche plutôt bien. Mais pour les dernières prises, le soleil n'est plus assez "fort", donc Ben me remplace avec le 400 toujours sur batterie. On peut ensuite remballer et filer rue Lobineau. Mais, me direz-vous, et le groupe ?! Eh bien le groupe, il a pris l'air, tant mieux pour lui, on étouffe dans ce camion.
     Rue Lobineau, devant une boutique qui vend des chocolats qui ont l'air trop bons, on tourne un plan où les comédiens se baladent et s’extasient devant les-dits chocolats. Jo suit avec le 200 sur perche, on croise les doigts pour que la batterie tienne. On aide la régie à bloquer les passants. Etc, etc, jusqu'à la bière au cul du camion.

Lundi 1er novembre
     On tourne à la boutique Jack Henry, boutique de fringues de mode. Première constatation : pour bien commencer la journée, on doit faire enlever deux voitures garées sur les places ventousées... C'est le coeur fendu qu'on voit arriver le monsieur de la fourrière et qu'on lui demande d'emmener la jolie Mini rouge qui nous empêche de sortir le groupe. Il reviendra plus tard enlever le gros 4x4 (pour celui-là, on fait moins la gueule). Bref, deuxième constatation : les néons de la boutique sont crados. Ils balancent du vert partout, ou sont trop orangés, enfin en tout cas c'est de la merde, et on n'a pas le budget pour les remplacer. Wesley décide de corriger les gamelles qu'on ajoute, et non de corriger les néons.
     On monte les deux 4kW sur wind-up, et on les fait taper à travers la vitrine pour arroser toute la boutique. On ajoute devant chacun un cadre de diff, ainsi que du 1/2 de green, puis seulement du 1/4, avant de passer à du 1/4 de CTO et du 1/4 de green, d'enlever le green, puis de finalement passer à du 1/8 de CTO. Pour les premiers plans, le joker 200 sur autopôle joue en contre sur la vendeuse à son comptoir. On sort aussi les deux kinos en daylight, avec du green, puis du CTO, puis un tube en 3200 et une feuille de dépron pour mélanger les colorimétries des tubes. Saletés de néons, quand même. Bref, ça a joué avec ça toute la journée. On déplaçait les kinos en fonction des axes, idem pour le 200, et ça roulait.
     Fin de journée, fin de tournage pour certains (dont moi). On réorganise les camions, l'un servira pour les rendus d'une partie du matos le lendemain, l'autre partira avec l'équipe réduite à Veules-les-Roses. Le noyau-alcoolo de l'équipe écoule un dernier pack de bière au cul du camion, et direction dodo.



Mardi 2 novembre
     Je retrouve Jo à Porte de la Chapelle, on a des rendus à faire. On galère dans les embouteillages avec le camion, mais ce n'est rien comparé à l'équipe réduite qui s'est levée à 4h pour aller se les geler sur la plage normande. On dépose une partie du matos lumière à Papaye ("Comment ça vous rendez pas tout aujourd'hui, nianiania ?"), avant de rendre le camion à Ada Porte d'Auteuil ("Le retour était prévu ce matin, hein, ça va faire une journée de plus à payer, nianiania"), et je vais me faire démonter par Jo à PES.


         L'équipe s'est retrouvée le jeudi soir dans un restau italien, pour se dire kampaï des centaines de fois, pour dire des conneries, et pour manger un pur repas qui fait oublier les bentô de la semaine.

  Merci à tous d'avoir rendu ce tournage si sympathique, d'avoir fait sortir de la tête toutes les galères grâce à votre bonne humeur et à l'ambiance détendue (mais efficace).



     Merci aussi à ceux qui m'ont fait des gentils commentaires sur mes photos pendant le tournage, et comme promis vous pouvez les voir ici. Hélas, je ne suis pas autorisé à faire circuler les photos où apparaissent les comédiens, ce qui est bien dommage car il y en a des superbes ! Mais c'est ça de tourner avec des stars. (Les photos ne sont pas en qualité max, et sont protégées, envoyez-moi un mail si vous en voulez certaines avant de recevoir (ou pas) le cd que Reiko devrait vous envoyer.)

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